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Renaud
Master Série - Volume 1



Laisse Béton

J'étais tranquille, j'étais peinard
Accoudé au flipper
Le type est entré dans le bar
À commandé un jambon beurre
Puis s'il s'est approché de moi
Puis y m'a regardé comme ça

"T'as des bottes, mon pote, elles me bottent.
J'parie qu'c'est des Santiags
Viens faire un tour dans l'terrain vague
J'vais t'apprendre un jeu rigolo
À grands coups de chaines de vélo
J'te fais tes bottes à la baston."
Moi j'y est dis: "Laisse béton."

Y m'a filé une beigne
J'y ai filé une torgnolle
M'a filé une châtaigne
J'lui ai filé mes groles

J'étais tranquille, j'étais pénard
Accoudé au comptoir
Le type est entré dans le bar
À commandé un café noir
Puis s'il m'a tapé sur l'épaule
Et m'a regardé d'un air drôle

"T'as un blouson, mecton, l'est pas bidon.
Moi j'me les gèle sur mon scooter
Avec ça j's'rai un vrai rocker
Viens faire un tour dans la ruelle
J'te montrerai mon Opinel
J'te chourav'rai ton blouson."
Moi j'y est dis: "Laisse béton."

Y m'a filé une beigne
J'y ai filé un marron
M'a filé une châtaigne
J'ai filé mon blouson

J'étais tranquille, j'étais pénard
Je réparais ma mobylette
Le type a surgi sur l'boul'vard
Sur sa grosse moto super chouette
S'est arrêté l'long du trottoir
Et m'a regardé d'un air bête

"T'as l'même blue jean que James Dean, t'arrêtes ta frime.
J'parie qu'c'est un vrai Lévis Strauss
Il est carrément pas craignos
Viens faire un tour derrière l'église
Histoire que je te dévalise
A grands coups de ceinturon."
Moi j'y est dis: "Laisse béton."

Y m'a filé une beigne
J'y ai filé une mandale
M'a filé une châtaigne
J'ai filé mon futal

La morale de c'te pauvre histoire
C'est qu'quand t'es tranquille et peinard
Faut pas trop traîner dans les bars
À moins d'être fringuer en costard
Quand à la fin d'une chanson
Tu t'retrouve à poil sans tes bottes
Faut avoir d'l'imagination
Pour trouver une chute rigolote.



Je Suis Une Bande De Jeunes

Mes copains sont tous en cabane
Ou à l'armée ou à l'usine
Y se sont rangés des bécanes
Y a plus d'jeunesse tient ça m'déprime
Alors pour mettre un peu d'ambiance
Dans mon quartier de vieux débris
J'ai groupé toutes mes connaissances
Intellectuelles et c'est depuis...

Que j'suis une bande de jeunes
À moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule

Je suis le chef et le sous-chef
Je suis Fernand le rigolo
Je suis le p'tit gros à lunettes
Je suis Robert le grand costaud
Y a plus d'problème de hiérarchie
Car c'est toujours moi qui commande
C'est toujours moi qui obéit
Faut d'la discipline dans une bande

Je suis une bande jeunes
À moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule

Quand j'débarque au bistrot du coin
Et pis qu'un mec veut m'agresser
B'en moi aussitôt j'interviens
C'est beau la solidarité
Quand je croise la bande à Pierrot
Y sont beaucoup plus nombreux
Ça bastonne comme à Chicago
C'est vrai qu'dans sa bande y sont deux

Je suis une bande de jeunes
À moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule

Quand dans ma bande y a du rififi
Je m'téléphone, je m'fais une bouffe
J'fais un colloque, j'me réunis
C'est moi qui parle et c'est moi qui écoute
Parfois j'm'engueule pour une soute
Qu'est amoureuse de toute ma bande
Alors la sexualité de groupe
Y a rien de tel pour qu'on s'entende

Je suis une bande de jeunes
À moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule

Quand j'me balade en mobylette
On dirait l'équipée sauvage
Quinze décibels c'est la tempête
Dans tout le voisinage
Et pis si un jour en banlieue
Toute ma bande est décimée
Par toute une bande de vieux
Je me battrai jusqu'au dernier

Car je suis une bande de jeunes
À moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule

I'm a poor lonesome young band
I feel alone
I'm a poor lonesome young band
Y break my gueule



La Boum

Les copains m'avaient dit:
"On compte sur toi dimanche,
Y'aura p't'être la Sylvie
Qui viendra sans son mec.
Elle est con comme un manche
Mais t'as la cote avec.
T'as pas à t'faire de bile
Pour toi c'est dans la poche,
T'es pas encore débile
Et elle est pas trop moche."
Elle est pas v'nue la belle
Moi j'ai t'nu les chandelle

J'irai plus dans vos boums
Elles sont tristes à pleurer
Comme un sourire de clown
Comme la pluie sur l'été

"Toute façon t'en fait pas",
M'avaient dit les copains,
"Des nenettes y'en aura
Beaucoup plus que des mecs,
Le quart d'heure américain
Ca va tripoter sec."
Des filles y'en avaient qu'douze
Pour quatre vingt poilus
On fait mieux comme partouze
Mais non j'suis pas aigri
Y'a qu'avec les p'tits LU
Qu'ça a été l'orgie

J'irai plus dans vos boums
Elles sont tristes à pleurer
Comme un sourire de clown
Comme la pluie sur l'été

Lorsque j'suis arrivé
Sur ma vieille mobylette
Y'en avaient qu'écoutaient
L'dernier David Bowie
Y flippaient comme des bêtes
Autours d'une chaîne pourrie
Y fumaient des P4 en buvant du Coca
Un pauvr' type sur sa gratt' jouait Jeux Interdits
Y'avait même une nana qui trouvait ça joli

J'irai plus dans vos boums
Elles sont tristes à pleurer
Comme un sourire de clown
Comme la pluie sur l'été

Y'avaient deux trois loubards
Qui assumaient leurs instincts
En chouravant dans l'noir
Les disques et les larfeuilles
J'voyait tout j'disais rien
C'était mes potes d'Argenteuil
Plus tard dans la soirée
J'ai fait marrer tout l'monde
Faut dire qu'j'ai raconté
Trois cent milles histoires belges
J'en connait des immondes
Mais j'les garde pour les Suisses

J'irai plus dans vos boums
Elles sont tristes à pleurer
Comme un sourire de clown
Comme la pluie sur l'été

Lorque j'me suis barré
J'ai croisé les roussins
Uniformes bleu foncé
Et képis sur le crâne
Tout ça à cause d'un voisin
Qui aimait pas Bob Dilan
M'ont foutu un PV
Pas d'lumière sur ma meule
Ont cru bon d'ajouter
Qu'y z'aimaient la jeunesse
Pis j'suis rentré tout seul
Même pas en état d'ivresse

J'irai plus dans vos boums
Elles sont trites à pleurer
Comme un sourire de clown
Comme la pluie sur l'été



Amoureux De Paname

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes du sam'di soir,
Cette chanson-là vaut pas un clou
Mais je la chante rien que pour vous.
Vous qui voulez du beau gazon,
Des belles pelouses, des p'tits moutons,
Des feuilles de vigne et des p'tites fleurs,
Faudrait remettre vos montres à l'heure.

Moi j'suis amoureux de Paname,
Du béton et du macadam,
Sous les pavés ouais c'est la plage,
Mais l'bitume c'est mon paysage,
Le bitume c'est mon paysage.

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes des boul'vards,
Vos beaux discours y'en a plein l'dos,
Y'a du soleil dans les ruisseaux.
La Tour Montparnasse elle est belle,
Et moi j'adore la Tour Eiffel,
Y'a plein d'amour dans les ruelles
Et d'poésie dans les gratt'ciel.

Moi j'suis amoureux de Paname,
Du béton et du macadam,
Sous les pavés ouais c'est la plage,
Mais l'bitume c'est mon paysage,
Le bitume c'est mon paysage.

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes des grands soirs,
La pollution n'est pas dans l'air,
Elle est sur vos visages blèmes.
Moi j'aime encore les pissotières,
J'aime encore l'odeur des poubelles,
J'me parfume pas à l'oxygène,
Le gaz carbonique c'est mon hygiène.

Moi j'suis amoureux de Paname,
Du béton et du macadam,
Sous les pavés ouais c'est la plage,
Mais l'bitume c'est mon paysage,
Le bitume c'est mon paysage.



Société Tu M'Auras Pas

Y a eu Antoine avant moi,
Y a eu Dylan avant lui,
Après moi qui viendra?
Après moi c'est pas fini.
On les a récupérés.
Oui mais moi on m'aura pas,
Je tirerai le premier,
Et j'viserai au bon endroit.

J'ai chanté 10 fois, 100 fois,
J'ai hurlé pendant des mois,
J'ai crié sur tous les toits,
Ce que je pensais de toi,
Société, société,
Tu m'auras pas.

J'ai marché sur bien des routes,
J'ai connu bien des pat'lins,
Partout on vit dans le doute,
Partout on attend la fin.
J'ai vu occuper ma ville
Par des cons en uniformes
Qu'étaient pas vraiment virils,
Mais qui s'prenaient pour des hommes.

J'ai chanté 10 fois, 100 fois,
J'ai hurlé pendant des mois,
J'ai crié sur tous les toits,
Ce que je pensais de toi,
Société, société,
Tu m'auras pas.

J'ai vu pousser des barricades,
J'ai vu pleurer mes copains,
J'ai entendu les grenades
Tonner au petit matin.
J'ai vu ce que tu faisais
Du peuple qui vit pour toi,
J'ai connu l'absurdité
De ta morale et de tes lois.

J'ai chanté 10 fois, 100 fois,
J'ai hurlé pendant des mois,
J'ai crié sur tous les toits,
Ce que je pensais de toi,
Société, société,
Tu m'auras pas.

Demain, prends garde à ta peau,
À ton fric, à ton boulot,
Car la vérité vaincra,
La Commune refleurira.
Mais en attendant, je chante,
Et je te crache à la gueule
Cette petite chanson méchante
Que t'écoutes dans ton fauteuil.

J'ai chanté 10 fois, 100 fois,
J'ai hurlé pendant des mois,
J'ai crié sur tous les toits,
Ce que je pensais de toi,
Société, société,
Tu m'auras pas.



Hexagone

Ils s'embrassent au mois de janvier,
Car une nouvelle année commence,
Mais depuis des éternités
L'a pas tell'ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue,
La mentalité est la même:
Tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds, en février,
À se souvenir de Charonne,
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne,
La France est un pays de flics,
À tous les coins d'rue y'en a 100,
Pour faire règner l'ordre public
Ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois d'mars,
De l'autr' côté des Pyrénées,
Un arnachiste du Pays basque,
Pour lui apprendre à s'révolter,
Ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
De cette immonde mise à mort,
Mais ils oublient qu'la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
C'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment,
Et le roi des cons, sur son trône,
J'parierai pas qu'il est allemand.

On leur a dit, au mois d'avril,
À la télé, dans les journaux,
De pas se découvrir d'un fil,
Que l'printemps c'était pour bientôt,
Les vieux principes du seizième siècle,
Et les vieilles traditions débiles,
Ils les appliquent tous à la lettre,
Y m'font pitié ces imbéciles.

Ils se souviennent, au mois de mai,
D'un sang qui coula rouge et noir,
D'une révolution manquée
Qui faillit renverser l'Histoire,
J'me souviens surtout d'ces moutons,
Effrayés par la Liberté,
S'en allant voter par millions
Pour l'ordre et la sécurité.

Ils commémorent au mois de juin
Un débarquement d'Normandie,
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui,
Ils oublient qu'à l'abri des bombes,
Les Francais criaient: "Vive Pétain",
Qu'ils étaient bien planqués à Londres,
Qu'y'avait pas beaucoup d'Jean Moulin.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
C'est pas la gloire, en vérité,
Et le roi des cons, sur son trône,
Me dites pas qu'il est portugais.

Ils font la fête au mois d'juillet,
En souv'nir d'une révolution,
Qui n'a jamais éliminé
La misère et l'exploitation,
Ils s'abreuvent de bals populaires,
D'feux d'artifice et de flonflons,
Ils pensent oublier dans la bière
Qu'ils sont gourvernés comme des pions.

Au mois d'août c'est la liberté,
Après une longue année d'usine,
Ils crient: "Vive les congés payés",
Ils oublient un peu la machine,
En Espagne, en Grèce ou en France,
Ils vont polluer toutes les plages,
Et par leur unique présence,
Abimer tous les paysages.

Lorsqu'en septembre on assassine,
Un peuple et une liberté,
Au coeur de l'Amérique Latine,
Ils sont pas nombreux à gueuler,
Un ambassadeur se ramène,
Bras ouverts il est accueilli,
Le fascisme c'est la gangrène
À Santiago comme à Paris.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
C'est vraiment pas une sinécure,
Et le roi des cons, sur son trône,
Il est francais, ça j'en suis sûr.

Finies les vendanges en octobre,
Le raisin fermente en tonneaux,
Ils sont très fiers de leurs vignobles,
Leurs "Côtes-du-Rhône" et leurs "Bordeaux",
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l'étranger,
Leur pinard et leur camenbert
C'est leur seule gloire à ces tarrés.

En Novembre, au salon d'l'auto,
Ils vont admirer par milliers
L'dernier modèle de chez Peugeot,
Qu'ils pourront jamais se payer,
La bagnole, la télé, l'tiercé,
C'est l'opium du peuple de France,
Lui supprimer c'est le tuer,
C'est une drogue à accoutumance.

En décembre c'est l'apothéose,
La grande bouffe et les p'tits cadeaux,
Ils sont toujours aussi moroses,
Mais y'a d'la joie dans les ghettos,
La Terre peut s'arrêter d'tourner,
Ils rat'ront pas leur réveillon;
Moi j'voudrais tous les voir crever,
Étouffés de dinde aux marrons.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
On peut pas dire qu'ca soit bandant
Si l'roi des cons perdait son trône,
Y'aurait 50 millions de prétendants.



Chanson Pour Pierrot

T'es pas né dans la rue
T'es pas né dans l' ruisseau
T'es pas un enfant perdu
Pas un enfant d' salaud,
Vu qu' t'es né dans ma tête
Et qu' tu vis dans ma peau
J'ai construit ta planète
Au fond de mon cerveau.

Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.

Depuis l' temps que j' te rêve,
Depuis l' temps que j' t'invente,
De pas te voir j'en crève
Et j' te sens dans mon ventre.
Le jour où tu ramène,
J'arrête de boire : promis,
Au moins toute une semaine,
Ce s'ra dur, mais tant pis.

Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.

Qu' tu sois fils de princesse,
Ou qu' tu sois fils de rien,
Tu s'ras fils de tendresse,
Tu s'ras pas pas orphelin.
Mais j' connais pas ta mère:
Je la cherche en vain.
Je connais qu' la misère
D'être tout seul sur le ch'min.

Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.

Dans un coin de ma tête
Y'a déjà ton trousseau :
Un jean, une mobylette
Une paire de Santiago.
T'iras pas à l'école,
J' t'apprendrai les gros mots.
On jouera au football,
On ira au bistrot.

Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.

Tu t' lav'ras pas les pognes
Avant d' venir à table.
Et tu m' trait'ras d'ivrogne
Quand j' piquerai ton cartable.
J' t'apprendrai des chansons
Tu les trouveras débiles.
T'auras p't' être bien raison
Mais j' s'rai vexé quand même.

Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.

Allez viens mon Pierrot,
Tu s'ras l' chef de ma bande.
J' te r'filerai mon couteau,
J' t'apprendrai la truande.
Allez viens mon copain,
J' t'ai trouvé une maman:
Tous les trois ça s'ra bien
Allez viens, je t'attends.

Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.



Dans Mon H.L.M.

Au rez-d'-chaussée, dans mon H.L.M.
Y'a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c' qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul.
Sa femme sort pas d' la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con!

Putain c' qu'il est blême, mon H.L.M.!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au premier, dans mon H.L.M.,
Y'a l' jeune cadre dynamique,
Costard en alpaga,
C'ui qu'a payé vingt briques
Son deux pièces plus loggia.
Il en a chié vingt ans
Pour en arriver là,
Maintenant il est content
Mais y parle de s' casser.
Toute façon, y peut pas,
Y lui reste à payer
Le lave-vaisselle, la télé,
Et la sciure pour ses chats,
Parc' que naturellement
C' bon contribuable centriste,
Il aime pas les enfants,
C'est vous dire s'il est triste!

Putain c' qu'il est blême, mon H.L.M.!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au deuxième, dans mon H.L.M.,
Y'a une bande d'allumés
Qui vivent à six ou huit
Dans soixante mètres carrés,
Y'a tout l' temps d' la musique.
Des anciens d' soixante-huit,
Y'en a un qu'est chômeur
Y'en a un qu'est instit',
Y'en a une, c'est ma soeur.
Y vivent comme ça, relax
Y'a des mat'lats par terre,
Les voisins sont furax;
Y font un boucan d'enfer,
Y payent jamais leur loyer,
Quand les huissiers déboulent
Y écrivent à Libé,
C'est vous dire s'ils sont cools!

Putain, c' qu'il est blême, mon H.L.M.!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au troisième, dans mon H.L.M.;
Y'a l'espèce de connasse,
Celle qui bosse dans la pub',
L'hiver à Avoriaz,
Le mois d' juillet au Club.
Comme toutes les décolorées,
Elle a sa Mini-Cooper,
Elle allume tout l' quartier
Quand elle sort son cocker.
Aux manifs de gonzesses,
Elle est au premier rang,
Mais elle veut pas d'enfants
Parc' que ça fait vieillir,
Ça ramollit les fesses
Et pis ça fout des rides,
Elle l'a lu dans l'Express,
C'est vous dire si elle lit!

Putain c' qu'il est blême, mon H.L.M.!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au quatrième, dans mon H.L.M.,
Y'a celui qu' les voisins
Appellent "le communiste",
Même qu'ça lui plaît pas bien,
Y dit qu'il est trotskiste!
J'ai jamais bien pigé
La différence profonde,
Y pourrait m'expliquer
Mais ça prendrait des plombes.
Depuis sa pétition,
Y'a trois ans pour l' Chili,
Tout l'immeuble le soupçonne
À chaque nouveau graffiti,
N'empêche que "Mort aux cons"
Dans la cage d'escalier,
C'est moi qui l'ai marqué,
C'est vous dire si j'ai raison!

Putain c' qu'il est blême, mon H.L.M. !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !

Pi y'a aussi, dans mon H.L.M.,
Un nouveau romantique,
Un ancien combattant,
Un loubard, et un flic
Qui s' balade en survêtement
Y fait chaque jour son jogging
Avec son berger all'mand,
De la cave au parking,
C'est vachement enrichissant.
Quand j'en ai marre d' ces braves gens
J' fais un saut au huitième
Pour construire un moment
Avec ma copine Germaine,
Un monde rempli d'enfants.
Et quand le jour se lève
On s' quitte en y croyant,
C'est vous dire si on rêve!

Putain c' qu'il est blême, mon H.L.M.!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!...



Manu

Eh Manu rentre chez toi
Y'a des larmes plein ta bière
Le bistrot va fermer
Pi tu gonfles la taulière
J'croyais qu'un mec en cuir
Ca pouvait pas chialer
J'pensais même que souffrir
Ca pouvais pas t'arriver
J'oubliais qu'tes tatouages
Et ta lame de couteau
C'est surtout un blindage
Pour ton coeur d'artichaut

Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent

On était tous maqués
Quand toi t'étais tous seul
Tu disais j'me fais chier
Et j'voudrais sauver ma gueule
T'as croisé cette nana
Qu'était faite pour personne
T'as dit elle pour moi
Ou alors y'a maldonne
T'as été un peu vite
Pour t'tatouer son prénom
A l'endroit où palpite
Ton grand coeur de grand con

Eh déconne pas Manu
C't'à moi qu'tu fais d'la peine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent

J'vais dire on est des loups
On est fait pour vivre en bande
Mais surtout pas en couple
Ou alors pas longtemps
Nous autres ça fait un bail
Qu'on a largué nos p'tites
Toi t'es toujours en rade
Avec la tienne et tu flippes
Eh Manu vivre libre
C'est souvent vivre seul
Ça fait p't'être mal au bide
Mais c'est bon pour la gueule

Eh déconne pas Manu
Ça sert à rien la haine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent

Elle est plus amoureuse
Manu faut qu'tu t'arraches
Elle peut pas être heureuse
Dans les bras d'un apache
Quand tu lui dis je t'aime
Si elle te d'mande du feu
Si elle a la migraine
Dès qu'elle est dans ton pieu
Dis lui qu't'es désolé
Qu't'as dû t'gourrer d'trottoir
Quand tu l'as rencontrée
T'as dû t'tromper d'histoire

Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent

Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent

Eh déconne pas Manu
C't'à moi qu'tu fais d'la peine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent

Eh déconne pas Manu
Aller déconne pas



Ma Gonzesse

Malgré le blouson clouté,
Sur mes épaules de v'lours.
J'aim'rais bien parfois chanter,
Autre chose que la zone.
Un genre de chanson d'amour
Pour ma p'tite amazone.
Pour celle qui tous les jours
Partage mon cassoulet.

Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh

Faut dire qu'elle mérite bien,
Qu'j'y consacre une chanson.
Vu que j'suis amoureux d'elle,
Un peu comme dans les films,
Ou y a tous pleins de violons
Quand le héros y meure.
Dans les bras d'une infirmière,
Qu'est très belle et qui pleure.

Et pis elle est balancée ,
Un peu comme un Mayol,
Tu sais bien les statues,
Du jardin des Tuileries.
Qui hiver comme été
Exhibent leur guibolles,
Et se gèlent le cul
Et le reste aussi.

Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh

Pis faut dire qu'elle a les yeux,
Tell'ment qui sont beaux,
On dirait bien qu'ils sont bleus,
On dirait des calots.
Parfois quand elle me regarde,
J'imagine des tas de choses,
Que je réalise plus tard
Quand on se retrouve tout seul.

Si tu dis qu'elle est moche,
Tu y manques de respect,
Je t'allonge une avoine
Ce sera pas du cinoche.
Mais si tu dis qu'elle est belle,
Comme je suis très jaloux,
Je t'éclate la cervelle
Faut rien dire du tout.

De ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh

J'aimerais bien un c'est jour,
Y collé un marmot,
Ouais un vrai qui chiale et tout
Et qu'a tout le temps les crocs.
Elle aussi elle aimerais ça,
Mais c'est pas possible,
Son mari y veut pas
Y dis qu'on est trop jeune.

Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Celle que j'suis avec, ma princesse.



C'Est Mon Dernier Bal

Au cinoche de Créteil
Y jouaient que des pornos,
Moi ça m' disait trop rien
J' les avais déjà vu.
J'ai dis à mes copains:
"Y'a un baloche à Sarcelles
On va y faire un saut,
Y'aura p't'être des morues,
Et pis ça fait un bail
Qu'on s'est plus bastonné
Avec de la flicaille
Ou des garçons bouchés."

C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain dans l' journal
Y'aura mon portrait.

On a pris les bécanes
Et on s'est arrachés
Direction la castagne,
La bière à bon marché.
Mais on était pas seul
On avait emmené
Deux trois amuse-gueules
Dont l' port est prohibé.
On veux pas provoquer,
Moi j' suis pas un fondu,
Mais faut bien dire c' qui est
J' suis pas un ange non plus.

C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain dans l' journal
Y'aura mon portrait.

Arrivés à l'entrée
Devant la pauvre caissière
On voulait pas payer,
vingt-cinq balles c'est trop cher.
Alors on a profité
Pour une fois qu' y' avait pas
L' service d'ordre de KCP
Pour foncer dans l' tas.
Et puis on s'est pointé
Direct à la buvette
Où on s'est enfilé
Chacun nos huit canettes.

C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain dans l' journal
Y'aura mon portrait.

Y'avait une bande de mecs
De l'autre côté d' la piste
Qui nous matait à mort
Depuis un bon moment.
On s'est fritté avec
C'était vraiment pas triste,
Pis on s'est réconcilié
D'vant une bière en s' marrant.
D' nos jours dans les baloches,
On s'exprime, on s' défoule,
À grand coup d' manches de pioches
Une fracture, ça dessaoule.

C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain dans l' journal
Y'aura mon portrait.

Et l'espèce de ringard
Qui jouait d' l'accordéon,
On' y a fait bouffé
Avec ses bretelles.
Maintenant il a une belle paire
De poumons nacrés
Et dès qu'i' tousse un peu
I' recrache les boutons.
Quand ça a dégénéré
En baston générale
On a vu se pointer
Les milices rurales.

C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain dans l' journal
Y'aura mon portrait.

Avec mon flingue d'alarme
J'avais l'air d'un con
Devant la Winchester
De l'adjoint au maire.
Y m'a dit: "N'avance pas
Si tu bouges t'es mort."
J'aurai pas dû bouger
Maintenant je suis mort.
Dans la vie mon p'tit gars
Y'a pas à tortiller,
Y'a rien de plus dangereux
Que de se faire tuer.

C'est mon dernier bal
J'en ai reçu une
Putain qu' ça fait mal
De crever sous la lune!

C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain dans l' journal
Y'aura mon portrait.



Marche À L'Ombre

Quand l'baba-cool cradoque
Est sorti d'son bus Volkswagen
Qu'il avait garé comme une loque
Devant mon rade.
J'ai dit à Bob qu'était au flipp:
"Viens voir le mariole qui s'ramène.
Vise la dégaine,
Quelle rigolade!"
Patchouli-Patogas,
Le Guide du Routard dans la poche,
Aré-Krishna à mort,
Ch'veux au henné, oreille percée.
Tu vas voir qu'à tous les coups
Y va nous taper cent balles,
Pour s'barrer à Katmandou
Ou au Népal.

Avant qu'il ait pu dire un mot
J'ai chopé l'mec par le paletot
Et j'ui ai dit: "Toi, tu m'fous les glandes
Pis t'as rien à foutre dans mon monde.
Arrache-toi d'là, t'es pas d'ma bande
Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre!"

Une p'tite bourgeoise bêcheuse
Maquillée comme un carré d'as
À débarqué dans mon gastos
Un peu plus tard.
J'ai dit à Bob qu'était au flipp:
"Reluque la tronche à la pouffiasse.
Vise la culasse,
Et les nibards!"
Collants léopard
Homologués chez S.P.A.,
Monoï et Shalimar,
Futal en skaï comme Travolta.
Qu'est-c'qu'elle vient nous frimer la tête?
Non, mais elle s'croit au Palace!
J'peux pas saquer les starlettes
Ni les blondasses.

Avant qu'elle ait bu son cognac
Je l'ai chopée par le colback
Et j'ui ai dit: "Toi, tu m'fous les glandes
Pis t'as rien à foutre dans mon monde.
Arrache-toi d'là, t'es pas d'ma bande
Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre!"

Un p'tit rocky barjo
Le genre qui s'est gouré d'trottoir
Est v'nu jouer les Marlon Brando
Dans mon saloon.
J'ai dit à Bob qu'avait fait tilt:
"Arrête, j'ai peur, c't'un blouson noir!
J'veux pas d'histoires
Avec ce clown"
Derrière ses pauvres Ray-Ban
J'vois pas ses yeux et ça m'énerve.
Si ça s'trouve y m'regarde,
Faut qu'il arrête, sinon j'le crève!
Non mais, qu'est-c'que c'est qu'ce mec
Qui vient user mon comptoir?
L'a qu'à r'tourner chez les Grecs
Se faire voir!

Avant qu'il ait bu son Viandox
J'l'ai chopé contre l'juke-box
Et j'ui ai dit: "Toi, tu m'fous les glandes
Pis t'as rien à foutre dans mon monde.
Arrache-toi d'là, t'es pas d'ma bande
Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre!"

Pis j'me suis fait un punk
Qu'avait pas oublié d'êtr' moche,
Pis un intellectuel en loden
Genre Nouvel Obs'.
Quand Bob a massacré l'flipper
On n'avait plus une tune en poche,
J'ai réfléchi
Et j'me suis dit:
C'est vrai que j'suis épais
Comme un sandwich-S.N.C.F.
Et que d'main j'peux tomber
Sur un balèze qui m'casse la tête.
Si ce mec-là me fait la peau
Et que j'crève la gueule sur l'comptoir,
Si la Mort me paye l'apéro
D'un air vicelard.

Avant qu'elle m'emmène voir là-haut
Si y'a du monde dans les bistrots,
J'ui dirai: "Toi, tu m'fous les glandes
Pis t'as rien à foutre dans mon monde.
Arrache-toi d'là, t'es pas d'ma bande,
Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre!
Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre!
Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre!"



Où C'est Que J'Ai Mis Mon Flingue

J'veux qu'mes chansons soient des caresses
Ou bien des poings dans la gueule
A qui ce soit que je m'agresse
J'veux vous remuer dans vos fauteuils
Alors écoutez-moi un peu
Les pousse-mégots et les nez-d'bœux
Les ringards, les folkeux, les journaleux

D'puis qu'y a mon nom dans vos journaux
Qu'on voit ma tronche à la télé
Où j'vends ma soupe empoisonnée
Vous m'avez un peu trop gonflé
J'suis pas chanteur pour mes copains
Et j'peux être teigneux comme une chien

J'déclare pas avec Aragon
Qu'le poète a toujours raison
La femme est l'avenir des cons
Et l'homme n'est l'avenir de rien
Moi mon av'nir est sur le zinc
D'un bistrot des plus cradingues
Mais bordel! où c'est qu'j'ai mis mon flingue

J'vais pas m'laisser emboucaner
Par les fachos, par les gauchos
Tous ces pauvres mecs endoctrinés
Qui foutent ma révolte au tombeau
Tout ceux qui m'traitent de démago
Dans leur torchon qu'j'lirai jamais
"Renaud c'est mort, il est récupéré"

Tous ces p'tits bourgeois incurables
Qui parlent pas qu'écrivent pas qui bavent
Qui vivront vieux leur vie d'minable
Ont tous dans la bouche un cadavre
T't'façon j'chante pas pour ces blaireaux
Et j'ai pas dit mon dernier mot

C'est sûr'ment pas un disque d'or
Ou un Olympia pour moi tout seul
Qui me feront virer de bord
Qui me feront fermer ma gueule
Tant qu'y aura d'la haine de mes s'ringues
Je n'chant'rai que pour les dingues
Mais bordel! où c'est qu'j'ai mis mon flingue

Y'a pas qu'les mômes dans la rue
Qui m'collent au cul pour une photo
Y'a même des flics qui me saluent
Qui veulent que j'signe dans leurs calots
Moi j'crache dedans et j'crie bien haut
Que l'bleu marine me fait gerber
J'aime pas l'travail, la justice et l'armée

C'est pas d'main qu'on m'verra marcher
Avec les connards qui vont aux urnes
Choisir c'lui qui les f'ra crever
Moi ces jours-là j'reste dans ma turne
Rien à foutre de la lutte de crasse
Tous les systèmes sont dégueulasses

J'peux pas encaisser les drapeaux
Quoiqu'le noir soit le plus beau
La Marseillaise même en reggae
Ça m'a toujours fait dégueuler
Les marches militaires ça m'déglingue
Et votre république moi j'la tringle
Mais bordel! où c'est qu'j'ai mis mon flingue

D'puis qu'on m'a tiré mon canif
Un soir au métro Saint-Michel
J'mets plus mes pieds dans une manif'
Sans un nunchak' ou un cocktaïl
A Longwy comme à Saint-Lazarre
Plus de slogans face aux flicards
Mais des fusils, des pavés, des grenades

Gueuler contre la répression
En défilant Bastille-Nation
Quand mes frangins crèvent en prison
Ça donne une bonne conscience aux cons
Au nez-d'bœux aux pousse-mégots
Qui foutent ma révolte au tombeau

Si un jour j'me r'trouve la gueule par terre
Sûr qu'ce s'ra d'la faute à Baader
Si j'crève le nez dans le ruisseau
Sûr qu'ce s'ra d'la faute à Bonnot
Pour l'instant ma gueule est sur le zinc
D'un bistrot des plus cradingues
Mais faites gaffe! j'ai mis la main sur mon flingue



It Is Not Because You Are

When I have rencontred you,
You was a jeune fille au pair,
And I put a spell on you,
And you roule a pelle to me.

Together we go partout
On my mob it was super
It was friday on my mind,
It was story d'amour.

It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.

You was really beautiful
In the middle of the foule.
Don't let me misunderstood,
Don't let me sinon I boude.

My loving, my marshmallow,
You are belle and I are beau
You give me all what You have
I say thank you, you are bien brave.

It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc'que you are me qu'I am you.

I wanted marry with you,
And make love very beaucoup,
To have a max of children,
Just like Stone and Charden.

But one day that must arrive,
Together we disputed.
For a stupid story of fric,
We decide to divorced.

It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.

You chialed comme une madeleine,
Not me, I have my dignité.
You tell me : you are a sale mec!
I tell you : poil to the bec!

That's comme ça that you thank me
To have learning you english?
Eh! That's not you qui m'a appris,
My grand father was rosbeef !

It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc' que you are me qu'I am you.



Oscar

Y v'nait du pays où habite la pluie
Où quand y'a du soleil c'est un mauvais présage
C'est qu'y va pleuvoir c'est qu'y va faire gris
Il était ch'timi jusqu'au bout des nuages
L'a connu l'école que jusqu'à treize ans
Après c'est la mine qui lui a fait la peau
Vingt ans au charbon c'est un peu minant
Pour goûter d'l'usine y s'est fait parigot
Dans son bleu d'travail y m'faisait rêver
Faut dire qu'j'étais jeune j'savais pas encore
J'pensais que l'turbin c'était un bienfait
Bien fait pour ma gueule, surtout c'est la mort

L'avait fait 36, le Front Populaire
Pis deux ou trois guerres, pis Mai 68
Il avait la haine pour les militaires
J'te raconte même pas c'qu'y pensait des flics
Il était marxiste tendance Pif le chien
Syndiqué à mort, inscrit au Parti
Nous traitait d'fainéants moi et mes frangins
Parc'qu'on était anars tendance patchouli
Il était balaise fort comme un grand frère
Les épaules plus larges que sa tête de lit
Moi qui suis musclé comme une serpillière
Ben de c'côté-là j'tiens pas beaucoup d'lui

L'avait sur l'bras gauche un super tatouage
Avec un croissant d'lune et une fleur coupée
La couleur s'était barrée avec l'âge
Il avait l'bleu pâle d'un jean délavé
Quand j'allais chez lui des fois d'temps en temps
J'lui roulais ses clopes avec son tabac gris
Pis j'restais des heures avec des yeux tout grands
À l'écouter m'baratiner sa vie
Vers soixante-cinq berges on lui a dit bonhomme
T'as assez bossé repose-toi enfin
L'a quitté Paname et la Rue d'Charonne
Pour une p'tite baraque avec un bout d'jardin

L'a usé ses reins à casser la terre
Pour planter trois pauv' salades, trois carottes
Y r'grettait ses potes du boul'vard Voltaire
Le bistrot l'apéro et les parties d'belote
Il est pas parti, comme disent les poètes
Y s'est pas envolé, comme disent les curés
Un matin d'décembre d'un cancer tout bête
L'a cassé sa pipe, il a calanché
Y v'nait du pays où habite la pluie
Où quand y'a du soleil c'est un mauvais présage
C'est qu'y va pleuvoir, c'est qu'y va faire gris
Il était ch'timi jusqu'au bout des nuages
Il était ch'timi jusqu'au bout des nuages



Le Retour De Gérard Lambert

Pas d'probléme la banlieue peut s'endormir tranquille
Y s'passera pas grand chose dans ses ruelles noires
Ce soir le fils maudit des grandes cités dortoirs
Est parti pour Paname dans sa Simca 1000

Y va y avoir du sang sur les murs de la ville
Alors cessez de rire charmante Elvire
Y'a un espèce de chien un vieux loup solitaire
Qui s'dirige vers Paris son nom: Gérard Lambert

Lambert c'est un héros alors y peut pas mourir
Avec lui c'est l'retour de la grande aventure
Celle qui fait hurler, celle qui fait frémir
Dans la nuit, dans le vent et dans la froidure

Il est tranquille peinard au volant d'sa bagnole
Y s'écoute Capdevielle sur son autoradio
Musicalement il adore, surtout les paroles
Quoique des fois y trouve qu'c'est pas assez intello

À travers l'essuie-glace y'en a qu'un qui fonctionne
Y' voit la pluie qui tombe sur le périphérique
L'a raté la sortie le v'là dans l'bois d'Boulogne
L'est complètement paumé dans ce lieu maléfique

Commence à paniquer puis surtout y s'énerve
Il avait un rencart à Paris avec une meuf'
S'il arrive à la bourre il a perdu l'affaire
Y manquerait plus qu'y s'fasse arrêter par les keuf's

Ça fait maintenant une plombe qu'il se perd dans la nuit
Voilà l'brouillard qui tombe, c'est normal c'est l'hiver
Pour l'ambiance d'la chanson faut des intempéries
Faut un climat sordide comme dans les films de guerre

Dans la lueur des phares tout à coup soudainement
Voit passer une silhouette sur le bord de la route
Enfin un être humain, se dit-il en lui même
Je vais d'mander mon ch'min à cette âme en déroute

L'arrête sa Simca 1000 auprès d'un arbre en bois
Et à pieds dans la nuit sous la pluie qui ne cesse
S'enfonce dans la forêt poursuivant la gonzesse
Car c'en est une, c'est sûr, son instinct n'le trompe pas

Elle est jeune, elle est belle toute vétue de rouge
Les cheveux ruisselants sur son visage d'ange
Bon sang, se dit Lambert, le p'tit chaperon rouge
J'suis un loup solitaire qu'est que j'fais j'me la mange

Il imagine déjà dans l'panier d'la donzelle
Le petit pot de beurre pour grand mère et la galette
Manque de bol elle avait dans son panier d'dentelles
Deux pauv'petites madeleines et une demi-baguette

O.K. tu viens chéri pour toi ça s'ra dix sacs
A ces mots le Lambert flaira un peu l'arnaque
Il éclata la tête de cette créature
Et s'en fut dans la nuit vers d'autres aventures



Renaud.